Pour garder l’équilibre, Marin tombe, matin, sur des poèmes. Parfois ce sont les poèmes qui lui tombent dessus, plouf. Alors, il les prend, il les met en musique, et ça, ça vous met en joie.
Pour mettre en musique un poème, ça n’est pas du tout comme pour le mettre en boîte : on n’en fait pas des rondelles, on en garde noyaux et pépins, surtout, ne pas faire bouillir (poème bouillu, poème foutu). Non, non, on le prend doucement, on l’écoute attentivement, on le caresse dans le sens du vers. On lui fait, sur-mesure, un nid douillet de notes. Quand on a gagné sa confiance, on le met délicatement en bouche… ça croustille !
Voilà quelques années que Marin Marin cuisine les mots des autres. Son premier spectacle, Champs bleus, s’adressait principalement aux hominidés adultes. Pour le suivant, Pitpit ! — Chansons sauvages pour enfants domestiques, il a mis en musique les poèmes animaliers de Jacques Roubaud. En ce moment, il se consacre à la création d’un spectacle tricéphale ·.· pianola·la ·.· .
« Un concert de Marin, c’est de la poésie. Oui, de la poésie. Il nous l’offre comme une évidence, sans affectation, sans grandiloquence. Pas la poésie qui prend des airs d’importance, qui vous met à distance, vous regarde, suffisante, du haut du mont Parnasse. […]
C’est un jeu. Voilà tout. C’est pourquoi nous revenons et reviendrons écouter Marin.
Peu à peu, nous le voyons construire son spectacle, agencer son univers autour de son amour de la poésie tout en refusant de se prendre trop au sérieux. […]
Marin est diablement féru de musique aussi, au piano comme à l’accordéon. Il n’est pas seul quand il endi- manche les mots offerts : deux complices ajoutent encore à son appétit de sons, Guillaume Viala au vibraphone et aux percussions – parfois tout à la fois… quelle maestria ! – Aude Bouttard à la contrebasse. Leur trio nous met lui aussi en joie. Du texte, vous l’aurez compris, on en a… Mais de la musique aussi ! C’est exactement ce rêve évoqué dans la chanson dont Marin est l’auteur La dernière horloge. Si les horloges cessaient de tourner, il y aurait « dans l’air des vibrations heureuses » comme celles qui nous sont offertes par ce concert. Un rêve, un songe… Une pause dans le cours de nos vies. »
Claude Fèvre, Chanter c’est lancer des balles
Dans une vie parallèle, Marin Marin compose pour d’autres : de la danse, du cirque, du théâtre, des installations et parfois même simplement pour des haut-parleurs. Vous pouvez y jeter une oreille par là…